On considère une population close (pas d'entrées ni de sorties de la population)
Supposons que les individus dans la population sont dans l'un de deux états:
susceptibles (à la maladie) s'ils ne sont pas en ce moment porteurs du pathogène
infectieux (et infectés) s'ils ont été infectés par la maladie et participent à sa propagation
il y a deux compartiments et le but de la modélisation est de décrire l'évolution du nombre d'individus dans chacun des compartiments
nombre de susceptibles au temps
nombre d'infectieux au temps
la population totale
Les hypothèses qui suivent décrivent une maladie pour laquelle la durée de la période d'incubation est très courte voire inexistante
On suppose aussi que l'infection ne persiste pas chez un individu et qu'aussitôt après s'être remis, les individus sont de nouveau susceptibles
Type de compartiments
Individus susceptibles
Naissent au taux per capita proportionnel à la population totale
Meurent au taux per capita, proportionnel à la population susceptible
Les nouveaux nés sont susceptibles (on ignore la transmission verticale)
Individus infectieux
Meurent au taux per capita, proportionnel à la population infectieuse
Guérissent au taux per capita
On ne considère pas de mortalité induite par la maladie
Fonction d'incidence
On revient sur les fonctions d'incidence dans le Cours 05
Pour le moment, on suppose juste que l'incidence est une incidence proportionnelle (ou incidence standard) de la forme
Diagramme de flot du modèle
Le modèle
En balançant les flux entrant et sortant dans les deux compartiments, on obtient
Comme souvent en EDO, on omet la dépendance en la variable indépendante (le temps ), et on note , ce qui donne ..
Le modèle
En balançant les flux entrant et sortant dans les deux compartiments, on obtient
On considère le problème de Cauchy consistant en - auquel on adjoint les conditions initiales et
Remarques
- est un modèle SIS (Susceptible-Infectieux-Susceptible)
Si (pas de guérison), le modèle est un modèle SI
Dans ce cas, un individu infectieux reste infectieux toute sa vie
Des maladies présentant ce type de caractéristiques sont des maladies bactériennes telles que celles causées par staphylococcus aureus, streptococcus pyogenes, chlamydia pneumoniae ou neisseria gonorrhoeae
La naissance et la mort sont relatives
Les notions de naissance et mort se réfèrent à la population que l'on considère
Par exemple, supposons un modèle pour l'immunodéficience humaine (VIH) dans une population à risque d'utilisateurs de drogue administrées de façon intraveineuse. Dans ce cas
la naissance correspond au moment du début du comportement à risque
la mort survient au moment où le comportement à risque cesse, que ce soit parce que l'individu meurt ou parce qu'il/elle cesse d'utiliser de la drogue
Analyse mathématique (version 1)
Analyse du système
Le système - est planaire non-linéaire
En principe, on devrait appliquer les méthodes usuelles dans le plan. Et on le fera plus tard
Toutefois, il est ici possible de trouver une solution explicite, sous certaines conditions
NB: Ceci est une illustration utile, mais est une exception!! Pratiquement aucun autre modèle que nous rencontrerons ne sera intégrable de cette façon
Le système est-il bien posé?
On note que l'on a une fonction de la forme , donc cela peut poser problème si
Normalement, on commence par vérifier que le système - est bien posé
Cela fait partie de l'arsenal classique
Dynamique de
On a
Supposons que , alors et par conséquent, pour tout ,
On suppose dorénavant que et que (le cas n'est pas très captivant)
Les variables en proportions
Puisque , on peut considérer
Remarquons que . La dérivée de est
On a
mais, puisque ,
En substituant le coté droit de dans cette équation, on obtient
Le système en proportions
Puisque , on peut utiliser dans l'équation , ce qui donne
Par conséquent, le système en proportions est
Puisque est constant, les solutions de - sont déduites directement de celles de - et on considère maintenant -
Réécrivons comme
Ceci est une équation de Bernoulli et le changement de variables donne l'équation linéaire
Donc enfin
Un facteur intégrant est
et par conséquent
avec , donc enfin
La condition initiale prend la forme . Par conséquent,
ce qui implique que
Par conséquent, la solution de est
et celle de est
La solution du système en proportions est donc donnée par
et l'on voit que le terme joue un rôle important, et l'on identifie deux cas selon le signe de cette quantité
Si , alors
donc et
Si alors
donc et
Le nombre de reproduction élémentaire
Le nombre de reproduction élémentaire
Reformulons le résultat en termes épidémiologiques en utilisant le nombre de reproduction élémentaire
On a alors les équivalences suivantes
Aussi,
On a prouvé le résultat suivant
L'alternative suivante a lieu pour le système -
Si , alors la maladie s'éteint:
Si , alors la maladie devient endémique:
On dit que le modèle SIS est un modèle endémique du fait de la possibilité d'observer ce second équilibre
Quelques remarques additionnelles au sujet de
determine la propension d'une maladie à s'établir dans une population
Les politiques de contrôle ont par conséquent pour objectif de réduire à des valeurs plus petites que 1
La définition "verbale" de est le nombre moyen de cas secondaires d'infection produits par l'introduction d'un unique individu infectieux dans une population complètement naïve
Dans notre modèle, est le temps moyen de séjour dans le compartiment avant de guérir ou de mourir et est la probabilité d'infection
Quelques valeurs de (estimées)
Maladie
Lieu
Période
Rougeole
Cirencester, Angleterre
1947-50
13-14
Angleterre & Pays de Galle
1950-68
16-18
Kansas, USA
1918-21
5-6
Ontario, Canada
1912-3
11-12
Willesden, Angleterre
1912-3
11-12
Ghana
1960-8
14-15
Est du Nigeria
1960-8
16-17
Analyse mathématique (version 2)
Méthode classique d'analyse du système SIS
On considère le système
Comportement de la population totale
On a déjà vu que
La solution de cette EDO scalaire est facile:
Donc il y a 3 possibilités:
si , , la population totale explose
si , , la population totale reste constante
si , , la population s'effondre
Donc on suppose que
On veut un cas raisonnable, on suppose donc que
Le système est donc
Puisque est constant, on pourrait simplifier et étudier le système avec seulement l'une des deux équations. On choisit toutefois de garder le système en l'état
Le système est-il bien posé ?
Dans le cadre d'un modèle épidémiologique:
les solutions de - existent-elles et sont-elles uniques ?
le cône positif (quadrant ici) est-il invariant sous le flot de - ?
les solutions de - sont-elles bornées ?
Il peut se trouver des modèles sans bornitude, mais ils sont plutôt rares et devront être considérés à part
On évite le cas , qui ne sert à rien
et on évite également le cas
Donc le champ de vecteur est toujours , ce qui entraîne que les solutions existent et sont uniques
Vérifions maintenant que le cône positif est invariant sous le flot de -
Invariance de sous le flot (1)
Supposons pour commencer que . Alors le système se réduit à l'équation scalaire
puisque ici
Il suit que l'axe est invariant et toute solution initiée dans cet ensemble est constante
Cela implique qu'une solution avec et ne peut atteindre l'axe
Invariance de sous le flot (2)
Cela implique qu'une solution avec et ne peut atteindre l'axe
Supposons que et , et qu'il existe tel que et
Invariance de sous le flot (3)
Mais en et , il passe une autre solution, celle telle que et , puisqu'avec ces conditions initiales, on a et pour tout
Cela contredit l'unicité des solutions si
Invariance de sous le flot (4)
On a vu que si
Supposons alors que . L'équation est alors
Donc si , alors pour tout . Si, d'autre part , alors pour petit; par ce qui précède, cela est aussi vrai pour tout
On dit que le champ est entrant
ne peut pas devenir nul
En résumé, pour l'invariance
Si , alors ,
Si , alors ,
Le modèle est donc satisfaisant, en ce qu'il n'autorise pas des solutions à changer de signe
Remarque
Ce genre de raisonnement a toute sa place dans une thèse de MSc ou de PhD: il faut montrer que vous savez faire
Dans un papier de recherche, cela n'est pas vraiment nécessaire, c'est souvent même superflu
Bornitude
Il suit de ce qui précède que le quadrant positif est (positivement) invariant sous le flot de -
De l'invariance et du fait que la population totale est bornée (constante, en fait), on déduit que les solutions de - sont bornées
Recherche des équilibres
On cherche les équilibres du système en supposant . - devient
De , on déduit que
ou alors . Substituant dans , il vient que , i.e, . C'est l'équilibre sans maladie (ESM)
De la relation
on déduit l'équilibre endémique : substituant cette valeur de dans ,
d'où il suit que
Par conséquent, l'équilibre endémique est
Notant que , il vient
Méthode classique de calcul de
est la courbe dans l'espace des paramètres où ESM perd sa stabilité locale. Pour trouver , on étudie donc la stabilité asymptotique locale de ESM
En un point arbitraire , la matrice Jacobienne de - prend la forme
La stabilité asymptotique locale de ESM dépend du signe de la partie réelle des valeurs propres de en cet équilibre, donc on évalue
Matrice triangulaire valeurs propres sont et stabilité asymptotique locale ESM déterminée par le signe de , donnant
Méthode plus efficace de calcul de
Diekmann & Heesterbeek, caractérisé dans le cas ODE par PvdD & Watmough (2002)
On considère seulement les compartiments avec des individus infectés et écrivons
entrée au sein des compartiments infectés du fait de nouvelles infections
contient tous les autres flux (attention au signe )
On calcule les dérivées (de Fréchet) et par rapport aux variables infectées (les Jacobiennes) et on évalue en l'ESM
Alors
où est le rayon spectral
Résultat de PvdD & Watmough (2002)
Supposons que l'ESM existe et notons alors
où les matrices et sont obtenues comme indiqué. Supposons que les conditions (A1) à (A5) soient satisfaites. Alors
si , alors l'ESM est LAS
si , alors l'ESM est instable
(Les conditions (A1)-(A5) sont explicitées dans le Cours 07 et nous discutons de la raison pour il est important de vérifier ces conditions dans le Cours 11)
Calcul de par matrice de prochaine génération
Ce calcul se substitue à celui de la matrice Jacobienne. Lorsque l'on a trouvé l'ESM, on ne considère que les variable infectées de -, c'est à dire
On écrit cette equation sous la forme
avec , les nouvelles infections, i.e.,
et tous les autres flux, en prenant garde au signe :
On calcule les matrices Jacobiennes de et (ici, des scalaires puisque et sont scalaires)
et
On obtient et en évaluant ces dérivées en l'ESM,
Enfin, on inverse , soit, ici,
Notons que si les conditions (A1)-(A5) du théorème sont satisfaites, on récupère aussi le fait que ESM est LAS
On trouve donc comme
Intérêt pas forcément évident ici, mais on verra plus loin à quel point cette méthode peut simplifier les calculs
Un peu de computationel
library(deSolve)
rhs_SIS <-function(t, x, p){
with(as.list(c(x, p)),{
N = S + I
dS = d*(N-S)+gamma* I - d * S - beta * S * I / N
dI = beta * S * I / N -(d +gamma)* I
return(list(c(dS, dI)))})}# Paramètres "connus"
d =1/(80*365.25)gamma=1/14# On règle beta pour que R_0 = 1.5
R_0 =1.5
beta = R_0 *(d +gamma)
params =list(d = d,gamma=gamma, beta = beta)
IC =c(S =1000, I =1)
times = seq(0,365,1)# On appelle l'intégrateur numérique
sol <- ode(y = IC, times = times, func = rhs_SIS,
parms = params, method ="ode45")
Je viens de faire ...
ce que je préconise de ne pas faire: illustrer un résultat mathématique sans rien vraiment ajouter au résultat lui même
On pourrait continuer, mais pour un modèle aussi simple, il y a peu de choses à faire: les 3 paramètres du système se combinent dans et ce dernier résume bien la dynamique
On va toutefois représenter une chose importante: le schéma de bifurcation
On a vu que lorsque , tandis que lorsque , . Représentons ceci (code)
Un peu plus au sujet de la stabilité
Ici, j'ai triché !
Dans cette 2ème analyse, tout ce qu'on a montré, c'est la stabilité/instabilité locale de l'ÉSM. (On a tout montré avec la première analyse...)
Ce qui reste à faire (2ème analyse)
Stabilité asymptotique locale de l'ÉE lorsqu'il est relevant biologiquement
Stabilité asymptotique globale de l'ÉSM lorsque
Stability asymptotique globale de l'ÉE lorsque
Équilibre relevant biologiquement
On se souvient que l'on avait trouvé
Ici, la valeur de n'a de sens comme équilibre d'un système en compartiments que si , i.e., si . On dit alors que l'ÉE est relevant biologiquement
SAL de l'ÉE lorsqu'il est relevant biologiquement
Outre l'ÉE
on avait aussi calculé la Jacobienne en un point arbitraire
Évaluons en :
On trouve les valeurs propres et , soit, puisque , . La 2ème valeur propre est donc lorsque , donc est LAS lorsqu'il est biologiquement relevant
Stabilité globale de l'ÉSM lorsque
On utilise un truc tout simple: choisissons comme fonction de Lyapunov. Clairement, hormis lorsque . On a
Notons que et par conséquent
Si et , on a donc, pour tout ,
et est une fonction de Lyapunov pour le système ÉSM est GAS lorsque
Cas
Lorsque , avec le raisonnement précédent on a seulement
Notons toutefois que si , alors pour tout et par conséquent, on a en fait que , d'où
donc est encore une fonction de Lyapunov
Stabilité globale de l'ÉE lorsque
Un peu plus compliqué, j'ajouterai aux transparents plus tard